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Conduite d’un jeûneur

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Conduite d’un jeûneur

A l’avènement du mois de Ramadan, les musulmans attendent avec impatience la nouvelle lune et comptent les heures jusqu’à recevoir la bonne nouvelle de la fin du mois de Cha’bân et du début de celui de Ramadan. Cette attitude ne se répète pas avec les autres mois de l’année. Il se peut même que beaucoup de musulmans ignorent le début et la fin des autres mois ; mais dès que s’approche le mois de Ramadan, ils changent de comportement et commencent à s’intéresser au début et à la fin des mois. 

Ce mois béni est une occasion pour que le musulman pousse un profond soupir et répète avec ceux qui se rappellent souvent d’Allah, en observant la nouvelle lune du mois de Ramadan l'invocation prophétique : « Mon Seigneur et le tien est Allah. Puisse Allah faire de toi une nouvelle lune de bienfaits et de benediction ».

Les musulmans ne sont pas seulement attentifs au début et à la fin du mois de Ramadan, mais guettent aussi la pointe de l’aube pour commencer le jeûne, puis le coucher du soleil pour le rompre ; ils comptent ses jours et presque personne ne s’y trompe, rejoignant ainsi le mouvement de cet univers célébrant en permanence la gloire d’Allah. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :

• « Les sept cieux et la terre et ceux qui s’y trouvent, célèbrent Sa gloire. Et il n’existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier » (Coran 17/44) ;

• « N’as-tu pas vu que c’est devant Allah que se prosternent tous ceux qui sont dans les cieux et tous ceux qui sont sur la terre, le soleil, la lune, les étoiles, les montagnes, les arbres, les animaux, ainsi que beaucoup de gens? Il y en a aussi beaucoup qui méritent le châtiment […] » (Coran 22/18).

Cette observation et cette attente sont le fait de tous les musulmans, Arabes et non Arabes, les pauvres comme les riches, les dirigeants comme les sujets, puisqu’il n’y a pas de place pour le favoritisme ni l’entremise. Le jeûne de celui qui mange ou boit volontairement après l’aube ou avant le coucher du soleil est invalide, et il n’y a pas un jeûne pour les maîtres et un autre pour les esclaves, un pour l’élite de la société et un autre pour le peuple. Tous sont égaux dans l’accomplissement du jeûne.

Au cours du mois de Ramadan, la conduite du musulman se manifeste dans le fait qu’il sait tirer profit de ce mois à travers cette spécificité qu’Allah, exalté soit-Il, lui a accordée : le jeûne. En fait, le jeûne est une protection et toute bonne action du fils d’Adam lui appartient à l’exception du jeûne qui appartient à Allah, exalté soit-Il, et c’est Lui qui en fixe la récompense ; et quelle bonne récompense, que celle octroyée par le Tout Généreux !
De plus, le jeûne purge l’âme et ennoblit les mœurs, car le musulman apprend qu’il a été créé non pas pour manger, boire et entretenir des rapports charnels avec son épouse, puisque toutes les créatures sur terre le font, mais pour un objectif beaucoup plus noble et plus sublime : adorer Allah, exalté soit-Il, et Le craindre en obtempérant à Ses prescriptions et en évitant Ses interdits. Partant, cela constitue une révolte contre les passions et les attraits de la vie présente pour les maîtriser et les empêcher de nous asservir, et une proclamation que nous ne sommes pas les esclaves du désir, ni les prisonniers de nos habitudes, mais que nous sommes exclusivement les serviteurs d’Allah, exalté soit-Il, et de nul autre que Lui.

Au cours de ce mois béni, les diables rebelles sont enchaînés et le musulman est laissé en vis-à-vis direct avec son âme pour qu’elle lui soit davantage soumise (sens du verset) : « car l’âme est très incitatrice au mal, à moins que mon Seigneur, par miséricorde, [ne la préserve du péché] » (Coran 12/53). Ainsi, le musulman sera-t-il à même de discerner les instigations du diable de celles de sa propre âme, de mettre le doigt sur la maladie pour lui trouver un remède efficient, et de prendre les mesures préventives et se servir de tous les moyens disponibles pour élever, polir et quintessencier son âme. Allah, exalté soit-Il, dit (sens des versets) :

« Et par l’âme et Celui qui l’a harmonieusement façonnée ; et lui a alors inspiré son immoralité, de même que sa piété ! A réussi, certes, celui qui la purifie. Et est perdu, certes, celui qui la corrompt » (Coran 91/7-10).

Le musulman sera aussi à même de juger son âme, de la surveiller, de la blâmer et de la discipliner dans le dessein de l’amener à se soumettre aux ordres d’Allah, exalté soit-Il, pour qu’elle accède au rang sublime de la vie éternelle et devienne cette âme apaisée qu’Allah, exalté soit-Il, appellera en disant (sens des versets) :
 

« Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis» (Coran 89/27-30).

Au cours du mois de Ramadan, le jeûneur prend le soin de garder l’entrée par laquelle passent la nourriture et la boisson, à moins qu’il n’oublie ou ne se trompe. Le Prophète (Salla Allahu Alaihi wa Sallam) a dit : « Que celui qui mange ou boit par oubli poursuive son jeûne. Car c’est Allah Qui lui a donné à manger et à boire » (Boukhari et Mouslim). Conscient de la vigilance du musulman, le diable n’essaye jamais de l’attaquer de ce côté, mais choisit une autre voie, en le poussant à la médisance et aux colportages, injuriant celui-ci et diffamant celui-là sans y voir le moindre inconvénient. Ce musulman ignore que le fait de manger ou de boire par oubli n’est aucunement comparable aux péchés capitaux qu’il commet et qui lui font perdre la récompense de son jeûne.

Au cours du mois de Ramadan, le musulman est appelé à respecter une tradition prophétique, la retraire spirituelle, qui consiste à s’éloigner des attraits, des tumultes, des distractions et des ornements de la vie présente pour s’adonner entièrement aux actes cultuels, à l’évocation d’Allah, exalté soit-Il, à la prière nocturne et à la lecture du Coran. Pendant cette retraite, son esprit s’élève, son âme se purifie, son ambition s’accroit, et il puise grâce à Allah, exalté soit-Il, une énergie qui lui servira toute l’année. C’est ainsi que se réalise la piété dans sa forme la plus parfaite, en conformité avec l’ordre d’Allah, exalté soit-Il, Qui dit (sens du verset) : « Ô les croyants ! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu’en pleine soumission » (Coran 3/102).

Durant ce mois, le musulman doit s’acquitter de la Zakât al-Fitr qui purifie le jeûneur des propos futiles et obscènes, et qui permet de nourrir les pauvres, leur épargnant ainsi de quémander le jour de la fête. Le musulman s’exerce par cela à être généreux, même s’il est dans l’indigence, comme le dit Allah, exalté soit-Il (sens du verset) : « Qui dépensent dans l’aisance et dans l’adversité » (Coran 3/134). Cette façon organisée et générale de donner avec générosité exerce une influence positive sur l’éthique aussi bien du riche que du pauvre. Elle purge le riche de l’avarice et de la ladrerie de son âme, car il comprend que les biens appartiennent à Allah, exalté soit-Il, et qu’il n’est qu’un dépositaire chargé de les employer de la manière qu’Il a ordonnée et d’éviter de les dépenser dans ce qu’Il lui a interdit. D’autre part, elle purge le pauvre de l’envie et de la jalousie et lui fait savoir qu’Allah, exalté soit-Il, ne l’a pas négligé et qu’il ne sera pas oublié dans une communauté musulmane qui connaît les droits d’Allah, exalté soit-Il, sur ses biens.

Ainsi, le jeûne raffine le comportement du jeûneur et l’achemine vers son Seigneur, exalté soit-Il, avec énergie et dynamisme.

 

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