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Rejeter le blâmable entre le devoir de la Daʻwah (prédication) et la crainte des réactions

Question

Je vis en exil loin de mon pays et je réside chez une famille de mes proches. Par la grâce d’Allah, je me suis engagé dans la religion. Cependant, ils ont des images accrochées aux murs. J’hésite à les conseiller, de peur qu’ils me détestent, mais je crains aussi de ne pas les conseiller et d’être tenu responsable.
Quelle est mon devoir envers eux?

Réponse

Louange à Allah et que la paix et la bénédiction soient sur Son Prophète et Messager, Mohammed, ainsi que sur sa famille et ses Compagnons :

Alors, si nous supposons que ces images sont interdites - comme cela semble évident dans votre question - le fait de résider ou d'entrer dans un lieu où se trouvent des images interdites n'est pas considéré comme interdit selon l'avis prépondérant des savants. Ce qui est obligatoire, c'est de dénoncer le mal dans la mesure du possible et de prodiguer des conseils à ceux qui en sont responsables.
Ibn Qudâmah a dit dans al-Mughni, en parlant du fait que si une personne est invitée à un banquet, il lui est permis de ne pas répondre à l'invitation si elle voit dans le lieu des images interdites:
« Quant à l’entrée dans une maison où il y a une image, cela n’est pas interdit. Toutefois, il est permis de délaisser l’invitation, à cause de cela, en guise de sanction pour l’hôte, en lui retirant son mérite pour avoir permis une chose répréhensible dans sa maison. Celui qui voit cela dans la maison de l’hôte n’est pas obligé de sortir, selon le sens apparent des propos de l’imam Ahmad. En effet, il a dit, dans une narration rapportée par al-Fadl Ibn Ziyâd, concernant quelqu’un qui verrait des images sur un rideau qu’il n’avait pas remarquées en entrant: ‘‘Cela est moins grave que si elles étaient sur le mur’’, On lui demanda: ‘‘Et si on ne les voyait que lorsque la table est dressée devant eux, doit-on sortir?’’ Il répondit: ‘‘Ne nous rends pas les choses difficiles. Mais si quelqu’un voit cela, il doit le réprimander et leur prouver son interdiction’’. Autrement dit, il n’est pas tenu de sortir.
Et c’est l’avis de l’imam Mâlik, qui considérait ces images comme répréhensibles par pure précaution, sans les juger interdites. La majorité des disciples de l’imam al-Shâfiʻi disent que si les images sont sur des rideaux ou sur des objets qui ne sont pas piétinés, il n’est pas permis d’y entrer, car les anges n’entrent pas dans de tels lieux, parce que si ce n’était pas interdit, il ne serait pas permis de délaisser une invitation obligatoire à cause de cela.
Nous avons comme preuve ce qui a été rapporté concernant le Prophète () qui est entré dans la Kaʻbah et a vu à l'intérieur une image d’Ibrâhîm et d’Ismâʻîl en train de tirer au sort avec des flèches divinatoires. Il dit alors: ‘‘Qu’Allah les maudisse! Ils savaient bien qu’ils n’avaient jamais tiré au sort avec ces flèches’’. (Abou Dâwoud).
Et ce que nous avons mentionné à propos de ʻAbd-Allah, qu'il est entré dans une maison contenant des statues, et dans les conditions imposées par ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui), aux gens du Livre, il leur a demandé d’élargir les portes de leurs églises et lieux de culte pour que les musulmans puissent y entrer pour y passer la nuit ou pour les traverser avec leurs montures. Ibn ‘Âidh a rapporté dans son ouvrage Futûh al-Châm que les chrétiens ont préparé un repas pour ʻUmar (qu’Allah soit satisfait de lui) lorsqu’il est venu en Syrie, et ils l'ont invité à le prendre. Il a demandé: ‘‘Où est-il?’’ Ils ont répondu: ‘‘Dans l'église’’. Alors, il a refusé d’y aller et a dit à ‘Ali: ‘‘Va avec les gens pour qu'ils prennent leur repas’’. ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) est allé avec les gens, il est entré dans l'église et a mangé avec les musulmans. Pendant qu’il regardait les images dans l'église, ‘Ali a dit: ‘‘Il n’y aurait eu aucun mal pour l'Émir des croyants s’il était venu pour manger ici’’.
Et cela représente leur accord sur la permission d’y entrer alors qu’il y a des images, car entrer dans des églises et des synagogues n’est pas interdit, de même que les maisons contenant des images. Le fait que les anges n’y entrent pas ne rend pas notre entrée interdite, tout comme dans une maison où il y aurait un chien. De même, il ne nous est pas interdit d’accompagner un groupe ayant une cloche, bien que les anges ne les accompagnent pas. Cependant, il est permis de délaisser l’invitation à cause de cela comme punition pour celui qui agit ainsi, et pour le dissuader de son acte. Et Allah sait mieux». Fin de citation.
Quant à la crainte du questionneur que ses proches le détestent s'il les conseille, cela en soi ne constitue pas un empêchement. Cela pourrait même être une ruse du diable, car ses proches pourraient l'aimer et le respecter davantage s'il les conseille avec douceur et bienveillance, tout en montrant son souci pour eux et son intérêt pour leur religion.
Fais donc cela en demandant l'aide d'Allah. S'ils acceptent, louange à Allah. S'ils n'acceptent pas, tu auras fait ce qui t'incombe. Allah dit : « Eh bien, rappelle ! Tu n'es qu'un rappeleur, et tu n'es pas un dominateur sur eux » (Coran 88/21-22).
Al-Sa‘di a dit dans son Tafsîr: « C’est-à-dire: rappelle aux gens et exhorte-les, avertis-les et annonce-leur la bonne nouvelle. En effet, tu as été envoyé pour inviter les créatures à Allah et leur rappeler, mais tu n’as pas été envoyé en tant que dominateur ou responsable de leurs actes. Une fois que tu as accompli ton devoir, il ne t’incombe plus de blâme». Fin de citation.
Le Messager d’Allah () a dit : « La religion, c’est la sincérité. Nous avons demandé: ‘‘Envers qui?’’ Il a répondu: ‘‘Envers Allah, Son Livre, Son Messager, les imams des musulmans et les musulmans en général’’». (Mouslim).
Dans les deux Sahîhs, Jarîr Ibn ‘Abd-Allah a dit : « J'ai prêté serment d'allégeance au Messager d’Allah () à accomplir la prière, à acquitter de la zakat, et à prodiguer le conseil sincère à chaque musulman ».
Dans l'encyclopédie juridique koweitienne, il est mentionné que les juristes sont d'avis que le conseil est une obligation envers les musulmans.
Ibn Hajar al-Haytami a dit: « Il est particulièrement obligatoire de conseiller les musulmans, qu'ils soient particuliers ou généraux».
Al–Râghib al-Asfahâni a dit : « Le Prophète () a souligné l'importance du conseil en disant : ‘‘La religion est le bon conseil’’. Il a expliqué que le conseil est une obligation pour toutes les personnes, en veillant à leur bien-être dans toutes leurs affaires».
Les malikites déclarent que le bon conseil est une obligation individuelle, qu'il soit demandé ou non, si l'on pense qu'il sera utile, car cela relève de l'ordre de prodiguer le bien ... Il est obligatoire selon le besoin ou la capacité si le conseiller sait que son conseil sera accepté, que son ordre sera obéi, et qu'il est à l'abri des préjudices. S'il craint un mal pour lui-même, il est alors dispensé.

D'autres affirment que l’apparence du hadith « La religion est le bon conseil » indique l'obligation du bon conseil, même si l'on sait qu'il ne sera pas utile à la personne conseillée.
Et Allah sait mieux.

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